LES RAISONS D'UN CHANGEMENT D'HOMME ?
Revenons au Mois de Novembre dernier .... Nous étions en Australie, pour la Coupe du Monde de Rugby à XIII.
Les mots manquent pour évoquer la performance de notre équipe de France.
L'affaire est grave, importante...
Les Bleus, nos Coqs, ont vu passer la compétition sans jamais trop s'approcher du tenu, sans jamais laisser la moindre trace, sans disputer le moindre match qui puisse laisser des souvenirs.
Physiquement, les Bleus sont passés complètement à côté de leur Coupe du Monde, c'est sûrement le constat essentiel.
John Monie a regretté qu'il n'y ait pas eu plus d'effervescence à l'intérieur de son équipe, mais il n'a pas fait grand chose pour ça. En s'enfermant avec son staff australien, il a nié la concurrence, et a maintenu aveuglément sa confiance aux joueurs des Dragons, en ne les remettant pas en cause, ou peu.
Manque d'envie ? Embourgeoisement ? Clans ?
Ces rumeurs charriées par les déceptions fédérales et populaires, sont à ce jour, 9 mois après, démenties par les résultats des Dragons dans leur club .. Une place en demi-finale de la Super League et peut-être plus !!
Dans l'intervalle,la Fédération de Rugby à XIII a fait confiance à un nouveau patron..
Robert Goulding, joueur du plus haut niveau mais néophyte dans sa nouvelle mission ...
Et quelle mission !! redorer le blason de l'Équipe de France !
Lui, le petit homme, élevé d'une manière simple, pragmatique a ressenti cette confiance fédérale comme un grand privilège.
Fort tout de même , des valeurs apprises , de si longues et fructueuses cohabitations avec les meilleurs joueurs et entraîneurs Anglais , il se persuade de l'importance de la patience, et de la notion du temps ...
Justement du temps, il en a peu .... et s'il connait la nécessité d'une construction méthodique , de la valeur du moindre détail dans notre jeu, il sait qu'il part avec beaucoup de retard...
Alors lui le joueur, le meneur d'hommes qui connaissait sur le pré le pouvoir des mots, doit aujourd'hui découvrir le langage de l'entraîneur-sélectionneur ....
Et là , peut-être a-t-il été vite en besogne, au téléphone avec Jérôme Guisset, le dernier capitaine de la Coupe du Monde...
Jérôme Guisset, exemplaire hors et sur le terrain, mais tenu responsable au regard de ses responsabilités de capitaine , de s'être menti avec ses copains, d'être essentiellement coupable d'avoir pensé que le prochain Four Nations serait un jour nouveau, alors qu'il n'est que le lendemain de la veille et que cette compétition ne fera pas redevenir la France, comme elle était, trois décennies auparavant.
Non la compétition à venir ne fera que prolonger les difficultés de la dernière Coupe du Monde, et Bobby Goulding, conscient de la chose, par sa discussion avec Jérôme, n'a fait que précipiter, qu'activer la machine du temps.
Jérôme Guisset, capitaine des Bleus, manquera-t-il à l'Équipe de France ?
Jérôme Guisset a forcément été un capitaine différent, plus tourné vers lui-même, pour reprendre la litote exprimée à son sujet.
Il a été pendant longtemps un vrai leader, le premier a avoir eu le courage d'aller voir ailleurs ce qui se passait, et être l'exemplarité même, aux yeux des nouveaux venus.
Il convient de le saluer au rang des plus grands de notre sport.
Mais aujourd'hui , Bobby Goulding a besoin d'un autre leader, d'un vrai leader.
On pourrait lui reprocher de ne pas chercher des solutions. Son erreur majeure serait d'avoir fait comme si de rien n'était, et de conserver Jérôme au leadership, ce qui à l'évidence ne lui servirait strictement rien dans ce Four Nations.
Il lui serait reproché de jouer avec un seul système et ne faire croire qu'il n'a pas d'idée.
Au contraire , sa brutale préparation a une alternative à Guisset est sûrement source d'étonnement, mais en n'écoutant que lui-même et surtout pas son entourage et ses joueurs, qui souhaitaient encore rester dans un système adapté aux ressources physiques de cette fin de championnat.
Aujourd'hui, Bobby Goulding fait montre de renouveau et d'ambition, on ne le lui reprochera pas.